Mon ombre
- mailysgalvano
- 17 mars
- 3 min de lecture
Texte écrit librement

Je me souviens, comment oublier. Je me souviens c’était un dimanche.
Le jour déclinait mais le soleil brillait encore dans les ruelles, il faisait chaud pour un début d’automne et nous marchions côte à côte comme nous l’avions toujours fait. Je me rappelle que ce jour là je portais ma longue robe bleue, celle avec les nuages dessus et que mes cheveux étaient lâché dans le vent qui soufflait son air chaud de fin d’été. Nous marchions au hasard des rues sans nous soucier de notre destination, je pensais que ça n’avait pas la moindre importance l’endroit où nous allions puisque nous y allions ensemble, j’aurais du me méfier.
J’étais heureuse et tu l’étais aussi, du moins je le croyais, comment aurait il pu en être autrement ? Nous avions toujours tout partagé, nos humeurs, nos envies, nos rêves. Tu m’étais lié pour la vie me semblait-il. En réalité je ne m’étais même jamais posé cette question, savoir si l’on serait ensemble pour toujours, je ne pouvais simplement pas imaginer qu’il puisse en être autrement. Nous n’avions jamais eu de désaccords, quand je voulais aller quelque part tu me suivais, faisant corps avec moi et parfois c’est toi qui décidait de l’endroit ou nous allions, je pensais qu’on fonctionnait ensemble nous deux, qu’on ne faisait qu’un pour ainsi dire. Tu vois c’est pour toute ces raisons que je ne mettais jamais réellement posé de question à notre sujet, j’aurais peut être du.
Je me demande si j’ai raté quelque chose, un signe qui m’aurait fait comprendre, je me dis que peut être tu voulais partir depuis longtemps sans que je n’en sache rien.
C’est vrais à bien y regarder on ne parlait jamais toi et moi mais je ne m’en suis jamais inquiété, je pensais qu’on n’avait pas besoin de mots parce que ce qu’il y avait entre nous était au-delà, qu’on se parlait avec des gestes, des regards, avec notre cœur quoi. J’étais naïve, j’aurais du me méfier.
Maintenant avec le recul j’aurais aimé qu’on se parle nous deux, tu aurais pu me dire ce qui n’allait plus entre nous et on aurait trouvé le moyen de tout arranger.
C’est lâche ce que tu as fait, tu es partis brusquement et tu m’as laissé planté là, au milieu de la rue comme une courge. C’était peut être ma faute mais je n’ai même pas pu te retenir pour le savoir, j’aurais aimé qu’on puisse parler mais voilà on ne se parlait pas toi et moi.
Je me souviens exactement de ce que j’ai ressenti ce jour là, pourtant cela fait un mois que tu m’as abandonné mais c’était si violent, je n’oublierais jamais.
Nous marchions côté à côte et nous étions heureuse, enfin moi je l’étais en tout cas. Nous n’allions nulle part en particulier, nous allions partout, on avait tout notre dimanche devant nous. Le jour déclinait mais le soleil nous éclairait encore de ses chauds rayons d’octobre. Nous marchions et soudain alors que je tournais au coin d’une rue c’est comme si on m’avait écartelé. Je me suis arrêté au milieu de la chaussé, j’avais la sensation de ne plus être entière, de ne plus m’appartenir. Je me suis retourné et tu n’étais plus là.
Je n’ai pas compris, c’était impossible, tu ne pouvais pas ne plus être là. Je t’ai cherché partout autour de moi, les gens commençaient à me regarder bizarrement mais je m’en moquais, je devais te retrouver. Je t’ai cherché jusqu’à la nuit mais tu n’étais plus là. Cette nuit là je n’ai pas dormis, la sensation d’écartèlement que j’avais ressenti au moment exacte ou tu es parti ne me quittait pas.
Le lendemain en me levant je t’ai cherché à nouveau mais en vain. Tous les matins depuis un mois, dès que le soleil se lève je continue de te chercher mais tu es vraiment parti.
Je ne comprends pas comment c’est arrivé, pourquoi c’est arrivé et surtout au delà de ce que je ressentais pour toi, de ce que nous partagions ensemble, je n’arrive pas à m’expliquer comment il est biologiquement ou scientifiquement possible de perdre son ombre. Je n’ai trouvé à ce jour aucune explication rationnelle. J’ai cherché dans tous les livres que j’ai pu trouver, j’ai parlé avec tous les chamanes que je connais, et tous, livres comme chamanes s’accordent pour dire que ce qui m’est arrivé est impossible, et pourtant… tu n’es plus là.
J’aurais vraiment voulu qu’on se parle toi et moi pour que tu m’explique, que tu me dises ce qui n’allait pas. Quand je pense à ma situation j’ai l’impression d’être une folle à l’asile, j’ai perdue mon ombre au détour d’une ruelle.
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