Ecrit leurs

Votre texte sera peuplé de silence. De ruptures typographiques. De vides signifiants.

Une formule à l’impératif se répétera et ouvrira la parole : « dis-leur. », “rappelle-lui”, “répète-lui”, “murmure-leur”, “crie-lui”, “dis-moi”, “chuchote-moi”…

Ce récit peut être celui d’un passé, d’un avenir, d’un souvenir, d’une hypothèse.

Écrivez avec les voix de celles et ceux qui écrivent en même temps que vous, de ceux qui vous ont précédé, de votre histoire personnelle, de celle des êtres humains, de celle de la planète.

Écrivez avec tout ce qui vous entoure et tout ce que vous êtes.

S'ils demandent un jour:

• Comment c'était le monde avant ?

Auront nous le courage de leurs dire ?

S'ils te regarde un matin avec sa brutale innocence et te demande :

• C'était comment le monde avant ?

  
  

Qu'auras tu envie de lui dire ?

Pourrons nous soutenir leurs regards avides de vérité et droit dans les yeux, sans ciller, sans honte leurs raconter ?

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Écrit leurs, aujourd'hui, depuis ce monde encore debout, écrit leurs tout ce que tu vois de ta fenêtre :

• Les abeilles, trop rares, mais toujours là, sur les fleurs du jardin

• L'herbe encore verte, malgré les chaleurs d'un été beaucoup trop chaud

• Les petites bêtes dans les talus, et leur musique envoûtante

• Le mince filet d'eau de la rivière, qui persiste encore, malgré tout

• La nature, la vie, le monde autour de toi.

Prends ta plus belle plume et écrit leurs ta vie, tes rêves et tes espoirs :

• Les livres dans la bibliothèque du salon et ton bonheur à les feuilleter, leurs odeurs aussi

• Le plaisir simple d'un déjeuner dans l'herbe

• Les jeux des enfants, sans écrans, sans smartphones, sans l'IA

• Les petits plats fait maison avec de bon produits

Écrit :

Pas pour les déprimer, pas pour leurs expliquer que c'était mieux avant, qu'ils ne connaîtront jamais ce monde là, que nous les avons condamner, non.

Écris pour garder une trace, pour te souvenir et leurs transmettre, pour leurs expliquer peut être qu'il ne faut jamais perdre espoir, que toi tu n'as pas perdu espoir.

Explique leurs, ton envie de donner la vie, de les voir grandir dans un monde encore vivable, de partager avec eux tes valeurs, l'amour, la curiosité et les bonheurs simples du quotidien.

Dit leurs que cette envie n'est pas juste égoïste, même si certains soirs, devant les informations, elle pourrait le paraître.

Que cette envie est viscérale, que c'est l'amour qui parle et que c'est en lui, en l'amour, que tu as choisi de croire, envers et contre tout !

Écrit leurs aussi ta révolte, l'injustice que tu ressens face à ce choix que tu dois faire !

Dit leurs que tout à changé tellement vite, que leurs grands-parents et leurs arrière grands-parents n'ont pas eu besoin de ce poser cette question, n'ont pas cru devoir se l'a poser.

Dit leurs que tu es révoltée, de devoir, toi, te l'a poser :

Savoir si tu dois, s'il est raisonnable, permis ou simplement égoïste, de donner la vie aujourd'hui, dans ce monde ?

Écris leurs tout ça, pour qu'ils sachent, pour que quoi qu'il arrive, il reste une trace de tes réflexions, de cette envie. Pour qu'ils comprennent peut être ton choix.